Notes / Observatoire des Criminalités internationales (ObsCi)
28 août 2025
La « guerre à la drogue » de Donald Trump : vers l’unilatéralisme le plus total

Dans un article publié le 8 août dernier, le New York Times a révélé l’existence d’un executive order (décret-loi) secret, signé récemment par le président américain Donald Trump. Destiné au Pentagone, il autorise le recours à la force armée contre les cartels de la drogue, sur terre comme sur mer, au-delà des frontières des États-Unis. Deux pays sont particulièrement visés : le Mexique et le Venezuela. Une initiative aux implications géopolitiques majeures, même si elle semble s’inscrire dans une certaine continuité à l’œuvre depuis une cinquantaine d’années. En 1971, lors d’une conférence de presse restée célèbre, le président Richard Nixon n’avait-il pas fait de l’abus de drogues l’ennemi public numéro 1 des États-Unis ? À l’époque, le pays était confronté à un très fort développement des consommations de substances illégales, notamment d’héroïne, qui affectait singulièrement l’armée américaine engagée au Vietnam. Même si le chef de l’État américain n’utilisa jamais le syntagme War on Drugs, la politique subséquente allait provoquer un développement agressif de l’interventionnisme étatsunien dans le monde. De la France à la Turquie, de la Colombie au Mexique, en passant par le Panama et l’Afghanistan, cette politique a souvent été le paravent de motivations visant à la préservation des intérêts américains dans le monde et à des pratiques très éloignées des objectifs d’une croisade se voulant vertueuse. Cependant, si l’initiative de Donald Trump était vraiment suivie d’effets, un nouveau palier serait franchi annonçant de nombreux bouleversements géopolitiques. Elle donne en effet à la puissance américaine une base juridique inédite à des interventions futures tout en rompant en partie avec les orientations récentes des précédentes administrations qui avaient commencé à tirer quelques leçons des échecs du passé liés à la « guerre à la drogue ».