Notes / Observatoire du Maghreb
14 septembre 2023
Coopération énergétique au Maghreb : quelles dynamiques régionales et internationales ?

BRAHIM OUMANSOUR : Le Nigeria a récemment signé deux accords avec l’Algérie et le Maroc pour la réalisation de deux gazoducs destinés à irriguer les marchés européens. Qu’est-ce qui explique le regain d’intérêt de ces anciens projets ? Quels en sont les potentiels et les limites ?
FRANCIS PERRIN : Le projet de gazoduc Nigeria/Niger/Algérie/Europe (souvent appelé Nigal – Nigeria Algérie – ou Trans-Saharan Gas Pipeline – TSGP) est un ancien projet puisqu’il en est question au moins depuis le début de ce siècle. Le projet de gazoduc Nigeria/Maroc est plus récent en termes de conception puisque celui-ci remonte à 2016. Le premier vise à approvisionner le marché européen en gaz nigérian alors que le second aurait, pour partie, des débouchés en Afrique de l’Ouest et du Nord-Ouest ainsi qu’en Europe. La guerre en Ukraine, les sanctions économiques occidentales contre la Russie et la volonté de l’Union européenne (UE) de chercher de nouvelles sources d’approvisionnement pour remplacer le gaz russe peuvent théoriquement favoriser ces projets, mais il y a pas mal d’incertitudes : elles sont de nature géopolitique (le coup d’État récent au Niger en est un bon exemple), financière (qui financera des projets dont le coût pourrait être de l’ordre de $20-30 milliards pour chacun d’entre eux ?), commerciale et temporelle…