Guerre en Ukraine et recompositions géopolitiques au Moyen-Orient. Entretien avec Jean-Pierre Filiu

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  • Pascal Boniface

    Pascal Boniface

    Directeur de l’IRIS

  • Jean-Pierre Filiu

    Jean-Pierre Filiu

    Professeur à Sciences Po

Non-alignement sur les sanctions américaines, fragilisation du Pacte du Quincy entre Riyad et Washington, autonomisation des acteurs locaux… La guerre en Ukraine a mis en exergue une mutation des équilibres stratégiques au Proche et Moyen-Orient. Celle-ci a révélé un déclin de l’influence américaine dans la région suite à l’échec de l’« Accord du siècle » entre Benyamin Netanyahou et Donald Trump (2020) et un regain des tensions entre Téhéran et Washington après la sortie américaine de l’accord sur le nucléaire. À cela s’ajoute un renforcement de la présence stratégique russe dans la région, matérialisée par un rapprochement avec la Syrie, l’Iran, la Turquie, les Émirats arabes unis ou encore Israël. L’ensemble de ces facteurs expliquent la prise de distance des pays de la région à l’égard des positions occidentales, notamment relative à la guerre en Ukraine.

La guerre russo-ukrainienne a-t-elle ramené une certaine unité au sein du monde arabe ou l’a-t-elle davantage divisé ? Pour quelles raisons celle-ci a-t-elle accéléré l’autonomisation de certains pays, tels que l’Arabie saoudite ? Observe-t-on une relative amélioration des relations entre l’Iran et les pays du Golfe concomitamment à une dégradation des relations entre Téhéran et les Occidentaux ?

Jean-Pierre Filiu, professeur à Sciences Po, revient sur la guerre en Ukraine et les recompositions stratégiques que celle-ci a pu entrainer au Proche et Moyen-Orient. À l’occasion de la parution de son ouvrage « Stupéfiant Moyen-Orient. Une histoire de drogue, de pouvoir et de société », il effectue également un bref tour d’horizon des enjeux de pouvoir et société qui sous-tendent les trafics de stupéfiants dans la région.