Notes / Europe, Stratégie, Sécurité
14 avril 2021
Le débat en Allemagne sur les exportations d’armement

es exportations d’armes ont toujours été un moyen essentiel pour renforcer les relations politiques et économiques entre les États. Faisant partie intégrante de la politique de sécurité et de défense, les exportations d’armes sont une composante essentielle du « hard power » d’un pays. Grâce à leurs retombées économiques et du fait de la responsabilité de l’industrie de défense d’équiper les forces armées nationales, les exportations d’armes revêtent à la fois une dimension économique et une dimension militaire. (1) Les retombées économiques, (2) l’amélioration de la balance commerciale, (3) la protection de l’emploi dans l’industrie de défense, (4) le renforcement de la compétitivité économique des entreprises d’armement et pour cela (5) la consolidation de la base industrielle et technologique de défense (BITD) sont des arguments courants pour justifier les exportations d’armes. Les exportations d’armes permettent également (6) le renforcement des relations entre clients et fournisseurs, (7) l’investissement dans des technologies innovantes grâce à des coûts unitaires réduits, et (8) la reconnaissance d’un pays comme grande puissance sur les plans militaire, technologique et politique. Le ministre fédéral allemand des Affaires étrangères, Hans-Dietrich Genscher (1974-1992, FDP) a également attribué une fonction de promotion de la paix aux exportations d’armes ouest-allemandes dans la mesure où celles-ci pouvaient « avoir un effet stabilisateur lorsqu’une partie à un conflit est plus forte, en donnant à tout le moins à la partie plus faible la capacité de se défendre ».
Cependant, le sujet des exportations d’armes est un sujet controversé, surtout lorsqu’existe la présomption que les armes exportées pourraient être utilisées dans un conflit armé. Par exemple, en 1974, dans un contexte de hausse du chômage, le maire de Brême alors en fonction, Hans Koschnick (1967-1985, SPD), a négocié avec l’Indonésie un certain nombre de commandes pour les chantiers navals de Brême : quatre corvettes, au prix de 340 millions de marks allemands (173 millions d’euros). Quelques mois après la conclusion de cet accord, l’Indonésie a lancé une invasion militaire au Timor. Cela a démontré la difficulté à déterminer avec certitude les intentions d’un acheteur d’armes…