Quand la Chine investit dans les infrastructures

Derrière ce qui est généralement et de manière volontairement vague présenté comme l’initiative « One Belt, One Road », la Chine a considérablement augmenté ses investissements dans les infrastructures à échelle internationale au cours des dernières années, en particulier en direction des pays en développement. – Les exemples comme le rachat du port du Pirée ou de l’aéroport de Toulouse indiquent qu’il s’agit aussi d’une tendance globale. Cette multiplication de projets pharaoniques, qui coïncide avec des chiffres de croissance moins importants, répond à une politique de long terme de Pékin visant à réduire les frais de logistique et de transport dans les exportations. L’objectif est également d’accroître les échanges avec les pays en développement, en vue de maintenir un taux de croissance élevé et de se positionner comme un acteur économique et commercial incontournable pour les prochaines décennies.

Ces investissements coïncident avec le ralentissement de la croissance économique chinoise. Ils  y sont d’ailleurs étroitement liés. De même, la Chine semble profiter des difficultés que rencontrent les puissances occidentales et le Japon, plongés dans une crise conjoncturelle, ou victimes d’une baisse de l’aide aux investissements en raison du ralentissement de la croissance mondiale. Enfin, on note des difficultés grandissantes chez les autres grandes puissances à investir des capitaux importants dans les infrastructures à l’extérieur de leurs frontières, et parfois même sur le territoire national. La Chine fait ainsi, à l’heure actuelle en tout cas, figure d’exception de par l’importance de ses réserves financières. Cet opportunisme chinois, s’il est facilement explicable, modifie en profondeur les équilibres internationaux, et impose de nouvelles grilles d’analyse sur le rôle central de ce pays dans l’économie mondiale, au point de relancer les réflexions sur l’émergence d’un « consensus de Pékin ». Les limites à ce modèle chinois d’investissements dans les infrastructures n’en sont pas moins nombreuses, et constituent un test à grande échelle de la capacité de ce pays à proposer un partenariat gagnant-gagnant…