Quelle stratégie bailleur derrière le renouveau de la coopération avec le secteur privé ?

  • Océane Blavot

    Océane Blavot

    Bénévole auprès de l’ONG Solidarité laïque

Le rôle du secteur privé dans les programmes de développement des pays du Sud prend de plus en plus d’ampleur et est en pleine mutation. La coopération avec le secteur privé est en effet aujourd’hui une préoccupation importante des bailleurs de l’Aide Publique au Développement (APD). Le « Programme d’Action d’Addis Abeba », adopté en conclusion de la troisième conférence sur le financement du développement de juillet 2015, qui fixe les moyens concrets de mise en œuvre des nouveaux Objectifs de développement durables (ODD), en est l’indication la plus retentissante. Les 193 pays membres des Nations unies y appellent le secteur privé à « s’engager comme partenaires dans le processus de développement » des pays du Sud.

Les réductions budgétaires de l’APD, les politiques néolibérales préconisées par les institutions financières internationales et certains donateurs, ainsi que l’évolution des contextes d’intervention dans les pays du Sud, amènent les bailleurs à introduire de nouveaux modes de financement et d’intervention dans leurs politiques et programmes pour le développement international. Dans cette démarche, il semble que le secteur privé apparaisse pour de nombreux bailleurs, comme l’acteur clé pouvant apporter ressources et innovations.

Ces dix dernières années, l’implication du secteur privé au côté des acteurs publics dans les actions de développement, a été la plus notable à travers les partenariats public-privé pour les infrastructures, dans les domaines de l’énergie et des transports. Ces domaines nécessitent en effet d’importantes capacités techniques, de mise en œuvre et de levées de fonds, que le secteur privé est particulièrement à même de fournir. Cependant aujourd’hui, les multinationales et consortiums privés ne sont plus seulement  des opérateurs techniques et des pourvoyeurs de fonds pour l’énergie et les transports. Les acteurs privés sont maintenant directement impliqués dans la conception des politiques et programmes de développement par certains bailleurs et institutions multilatérales, ainsi que leur mise en œuvre, dans tous les domaines d’intervention. La coopération des bailleurs internationaux avec les acteurs privés s’intensifie notamment dans le domaine du développement humain et touche aux services sociaux de base consacrés en tant que droits fondamentaux (santé, éducation, protection sociale)…