Notes / Observatoire géopolitique du religieux
22 juillet 2015
Géopolitique de l’espace religieux méditerranéen aujourd’hui

Aujourd’hui, que ce soit en Méditerranée ou ailleurs, la gestion du fait religieux implique la prise en compte d’une multiplicité de facteurs. Le constat évident s’impose que les religions ne sont pas suffisantes pour éclairer ce qui fait parler d’elles à travers les médias. De même, les notions de « civilisation occidentale » ou, dans le cas français, de « République », de « laïcité », etc. ne sont pas universellement partagées par tous de la même manière. Notamment du fait de l’impact des chaînes satellitaires.
Pour ce qui regarde l’espace méditerranéen comme ayant été le berceau des trois monothéismes, notre approche consistera à partir des temps présents pour arriver, en quelque sorte, aux « fins dernières ». Dresser un état des lieux général des phénomènes religieux actuels pour suivre ce qui est visé aussi bien en termes d’objectifs géopolitiques qu’en termes de direction ou de guidance religieuse.
La mer Méditerranée a toujours été une mer au carrefour de toutes les influences, parce que non pas fermée comme la mer Noire – qui a de tout temps posé un problème de débouchés à la Russie – mais ouverte sur l’océan Atlantique. Son ouverture est même ce qui lui permet de ne pas s’assécher, à l’image de la mer Morte, du fait d’un taux de salinité relativement élevé.
Il en va de même des religions abrahamiques autour de ce bassin méditerranéen : elles ont été irriguées par des influences multiples dont il appartient à chacune de reconnaître l’héritage. Ainsi de l’Égypte antique, avec en particulier Aménophis IV-Akhenaton et le thème de la résurrection déjà en 1300 av. J.-C., ou encore de l’Iran Perse, avec le Dieu Ahura Mazdâ découvert par Zoroastre3 ou Zarathoustra pratiquement à la même période. « Mer intérieure », mer au milieu des terres, la Méditerranée est devenue aujourd’hui – faut il le dire au regard des migrations forcées et du terrorisme – la mer de tous les dangers. Du temps de la guerre froide, elle concentrait à elle seule la moitié de la flotte militaire mondiale sur un périmètre de 3800 kilomètres d’Est en Ouest et d’au moins 140 kilomètres entre la Tunisie et les côtes italiennes. Elle accueille aujourd’hui 25% du trafic maritime commercial sur une surface océanique de seulement 1 % à l’échelle de la planète.