Pour un renouveau démocratique des organisations humanitaires

  • Bertrand Brequeville

    Bertrand Brequeville

    Responsable desk chez Médecins du monde

Dans un précédent article paru dans l’Observatoire des Questions Humanitaires, Jacques Serba posait la question suivante : « les associations humanitaires sont-elles des institutions ? ». S’appuyant sur la théorie de l’institution et de la fondation de Maurice Hauriou, ses conclusions tendent vers une réponse positive. Jacques Serba va même jusqu’à émettre l’hypothèse que « la force du pouvoir grandit quand il s’institutionnalise », sous-entendant ainsi que c’est parce qu’elles sont devenues des institutions que les organisations humanitaires peuvent peser sur le cours des choses.

Mais, comme l’explique le philosophe Cornélius Castoriadis dans L’institution imaginaire de la société, une institution, une fois posée, s’autonomise vis-à-vis des individus qui sont sous son pouvoir, possède son inertie et sa logique propre. En d’autres termes, une institution se caractérise aussi par son incapacité à s’auto-transformer.

Si les organisations humanitaires sont des institutions, il y a donc de quoi s’inquiéter ou du moins s’interroger. En effet, comment des organisations ayant leur inertie et leur logique propre pourraient-elles prétendre devenir des actrices du changement social ? Cela pose la question de leur gouvernance, de leur fonctionnement, des jeux de pouvoir en leur sein et de leur niveau de démocratie interne…