ANALYSES

Quel rôle joue la France au Burkina Faso?

Presse
4 novembre 2014

La France joue un rôle non négligeable au Burkina Faso, mais il ne faut pas fantasmer sur un maintien de la politique de la “Françafrique”, qui n’est plus d’actualité. Les réseaux français avaient plutôt appuyé le pouvoir en place. Blaise Compaoré, s’il a joué un rôle discutable au Liberia, en Angola et en Côte d’Ivoire, était devenu un médiateur africain incontournable, et jouait un rôle important en appui de la France au Mali.


Mais si la France a longtemps donné la priorité à la stabilité des régimes plutôt qu’à l’inconnu en Afrique, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Paris juge que les présidents à vie créent des crises plus graves, comme celle qui s’annonce pour la succession de Paul Biya au Cameroun. Or, le djihad recrute chez les jeunes laissés de côté dans ces pays.


La position française, alignée sur celle de Barack Obama, est de considérer qu’il faut laisser la place aux jeunes, et en finir avec les présidents à vie.


Aussi, François Hollande a envoyé une lettre à Blaise Compaoré, lui disant de respecter les échéances électorales, de ne pas s’accrocher et de ne pas réviser la Constitution, lettre dont le contenu a été rendu public, ce qui est un signe d’une volonté nouvelle de transparence.


La France est présente au Burkina, elle rencontre des responsables et des opposants. Le pays apparaissait stable politiquement, et un bon élève pour l’économie, selon le FMI. Certes, il est pauvre, enclavé, mais il occupe une place centrale dans les intérêts de la France.


Le Burkina joue un rôle essentiel dans l’opération Barkhane de lutte antiterroriste au Sahel. C’est le lieu où Paris a concentré ses forces spéciales et ses agents de la DGSE. Il s’agit donc du centre névralgique du renseignement militaire.


L’armée française y est en relation avec les forces spéciales des États-Unis. Donc le maillage antiterroriste se fait à partir de ce pays pour l’ensemble très instable du Sahel.


Alors que 3 500 Français vivent au Burkina, Paris, le principal bailleur de fonds avec Taïwan (1), va être très attentif à la transition.


Le régime de Blaise Compaoré n’était que semi-autoritaire, avec la liberté de la presse, peu d’opposants en prison, une maturité politique, une société civile. L’armée, assez divisée, reste historiquement républicaine. Au Burkina, le scénario dans lequel l’armée rétablit l’ordre et remet le pouvoir aux civils paraît vraisemblable.


(1) Le Burkina fait partie des quatre pays africains qui n’ont pas reconnu la Chine populaire.
Sur la même thématique