La transition énergétique entre réforme et révolution

  • Bettina Laville

    Bettina Laville

    Conseiller d’Etat et ancienne directrice de recherche l’IRIS

La France vient de publier, par la voix de Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, du développement durable et de l’énergie, le projet de loi sur la transition énergétique. On a attendu deux ans ces dispositions, qui avaient été dessinées par le Président de la République dans sa campagne comme les leviers décisifs de la transformation écologique et économique du pays.

On aurait pu, si on voulait mettre en lumière la radicalité des changements qui doivent être accomplis dans l’industrie, les transports, les modes de vie, employer un autre mot que « transition énergétique » : révolution, tournant, comme en Allemagne (« Wende »), ou bien modernité énergétique, etc. Mais le mot « transition », définitivement adopté dans la future loi, veut bien dire qu’il veut dire : passage d’un état à un autre ; ou bien, nous dit le Larousse, « état, degré intermédiaire, passage progressif entre deux états, deux situations ». Le débat national sur la transition énergétique avait beau s’évertuer, dans sa synthèse, à parler d’une transition qui s’apparenterait à la révolution de l’Europe du XVe siècle avec la force du vent, et de celle du XIXe siècle, avec la vapeur, la transition énergétique telle que la décline la France avec sa nouvelle loi bientôt en discussion n’est pas une révolution…