ANALYSES

Ethiopie : un nouveau premier ministre pour un calendrier inchangé

Tribune
26 septembre 2012
Par Patrick Ferras, directeur du Centre de Stratégie du Bassin d’Arcachon, docteur en géopolitique spécialisé sur l’Ethiopie
Une succession conforme à la Constitution de 1995

Le Premier ministre est choisi parmi les députés du parti ou de la coalition qui a remporté les élections législatives. Le Front démocratique révolutionnaire des peuples éthiopiens (FDRPE)(1), ayant obtenu la majorité aux élections de 2010, a désigné celui que Meles Zenawi avait choisi pour lui succéder en cas de victoire aux élections en 2015. Ministre des Affaires étrangères et Deputy Prime Minister depuis 2010, Haile Mariam Desalegn a prêté serment vendredi 21 septembre devant le Parlement éthiopien.

Continuité dans la succession

« I, Hailemariam Desalegn, in front of the parliament, accept to be the prime minister of Ethiopia…With the decision of the EPRDF and the parliament, I am very happy to take the responsibility of being prime minister. » Il ajouta qu’il « promise to continue Meles’s legacy without any change ». Contrairement aux propos de nombreux analystes, il devient Premier ministre et n’assume pas un « intérim » ; les grands axes de la politique menée par son prédécesseur seront conservés.

Les grands axes de la politique éthiopienne

L’Ethiopie reste incontournable sur les grands dossiers régionaux notamment sur la résolution du différend entre les gouvernements du Soudan du Sud et du Soudan mais aussi sur la Somalie. Elle déploie 6 078 hommes au titre des opérations de paix au Soudan (Darfour et Abyei) et est devenue le quatrième pays contributeur des Nations Unies. Les Forces de Défense nationale éthiopiennes sont présentes en Somalie aux côtés de l’embryon d’armée nationale et de la force de l’Union africaine (AMISOM).

Sur le plan intérieur, la lutte contre la pauvreté et le développement du pays restent la priorité. Dans ces deux domaines, le Growth Transformation Plan devrait donner des résultats encourageants d’ici 2015 malgré une situation économique difficile. Sur le plan politique, la volonté de Meles Zenawi était de faire émerger une nouvelle classe politique en Ethiopie. La nomination au poste de Premier ministre d’un homme issu de la Région des Nations, Nationalités et Peuples du Sud et d’un Deputy Prime Minister amhara est conforme à cette idée.

Haile Mariam Desalegn, Premier ministre et numéro un de l’EPRDF, aura la lourde tâche de succéder à un homme resté depuis 21 ans au cœur de la vie politique nationale et régionale et de continuer, voire d’accélérer, les réformes internes en Ethiopie.

(1) L’EPRDF regroupe quatre partis : le TPLF (Tegray), l’ANDM (Amhara), OPDO (Oromo) et SEPDM (Peuples du Sud).
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