Notes / Observatoire géopolitique du religieux
3 avril 2024
L’église orthodoxe russe, un appui dans la guerre de l’information du « monde russe »

Les derniers conflits armés de la Russie en Ossétie, en Abkhazie, et surtout en Ukraine depuis 2014 sont en étroite relation avec le concept du « monde russe ». Leitmotiv du néo-impérialisme russe, il vise à inclure en une sphère russe transnationale les territoires périphériques où vivent les Russes (Ukraine, Biélorussie, Moldavie…). Les réseaux diasporiques hors frontières doivent être unis à cette sphère. Une partie tente toutefois de se libérer de ce joug, à l’image de l’évêque russe Jean de Doubna qui suppliait le Patriarche Kirill « de faire tout son possible pour que cesse cette guerre effroyable qui divise le monde et sème la mort et la destruction ».
Ce « monde russe » a « un centre politique commun (Moscou), un centre spirituel commun (Kiev comme « mère de toutes les Rus’ »), une langue commune (le russe), une Église commune (l’Église orthodoxe russe, Patriarcat de Moscou), et un patriarche commun (le patriarche de Moscou), qui travaille en « symphonie » avec un président national commun pour gouverner et pour défendre une spiritualité, une moralité et une culture commune qui lui sont propres ». Cet ensemble centrifuge de la mondialisation vise à s’opposer à l’Occident, considéré comme corrompu, gangréné par un soi-disant libéralisme décadent, opposé aux valeurs dites traditionnelles.