Les débats de politique intérieure sur la défense antimissile au Japon

  • Éric Seizelet

    Éric Seizelet

    Professeur émérite à l’Université Paris-Cité

La généralisation des missiles dans l’arsenal militaire des États modernes, qu’ils soient à courte, moyenne ou longue portée, a révolutionné la politique de défense des États en rendant inopérante toute conception délimitée du « champ de bataille ». Le Japon, comme la Corée du Sud, est particulièrement vulnérable du fait de sa proximité géographique par rapport au continent quelques centaines de kilomètres pour l’archipel – qui réduit à néant toute idée de sanctuarisation d’une partie du territoire national. En raison de la densité du tissu urbain, toutes les grandes villes japonaises – et pas seulement – sont à portée de missiles. Et à plusieurs reprises, certaines des « expérimentations » nord-coréennes étaient retombées à l’intérieur de la Zone d’identification de défense aérienne (JADIZ) ou de la Zone économique exclusive (EEZ) de l’archipel. Au printemps 1994, un an après un premier tir qui s’était abattu à 350 km au nord de la presqu’île japonaise de Noto (département d’Ishikawa), un document secret de l’agence de Défense, le « plan de réaction en cas de crise dans la péninsule C », Khantô jitai taisho keikaku, concluait déjà que si le Japon avait peu à craindre des risques d’une guerre conventionnelle avec Pyongyang, en dehors d’activités de subversion et de sabotage, il était extrêmement exposé à une attaque de missiles…