L’Asie au cœur de la géopolitique du patrimoine

  • Barthélémy Courmont

    Barthélémy Courmont

    Maître de conférences en Histoire à l’Université catholique de Lille

  • Emmanuel Lincot

    Emmanuel Lincot

    Directeur de recherche à l’IRIS, co-responsable du Programme Asie-Pacifique

BARTHELEMY COURMONT : La géopolitique propose constamment de nouvelles grammaires permettant de mieux comprendre les relations internationales. La géoéconomie en est l’exemple le plus connu, mais on retrouve cette tentation de relier le champ des relations internationales à une multitude d’autres disciplines. Dans votre ouvrage, vous avez choisi d’associer géopolitique et patrimoine. Pouvez-vous nous expliquer cette démarche ?

EMMANUEL LINCOT : C’est d’abord lié à mon propre parcours. Je suis à la fois historien de l’art et spécialiste des relations internationales, de la Chine et de sa politique étrangère plus particulièrement. Dans ce livre, j’aborde la question du Soft Power aussi bien que des luttes d’influences sous un angle inédit. C’était une façon de croiser à la fois l’histoire des relations internationales et des sensibilités d’opinion, mais aussi le monde de l’art et de la culture comme enjeu mémoriel et politique. Que ce soit à travers son ancrage institutionnel ou par l’usage des outils numériques qui en permettent la dématérialisation, le patrimoine s’avère un extraordinaire vivier pour l’élaboration d’une diplomatie de l’objet. Elle nous incite à repenser le patrimoine non plus sur le mode des représentations post-coloniales (comme celles qui ont cours dans les campagnes de demande de restitution des œuvres africaines vis-à-vis de l’Europe…), mais bien d’après d’autres critères moins univoques que le rapport idéologiquement stérile qu’entretiennent à ce sujet les pays du Nord et ceux du Sud…