Notes / Sport et géopolitique
29 juin 2020
Le sport devient-il militant ?

Dans votre ouvrage Une histoire populaire du football (2018), vous présentez le football comme un instrument de résistance et un espace d’émancipation. Aux États‐Unis, d’autres sports tels que le football américain ou le basketball ont été utilisés par des athlètes pour lutter contre le racisme dans la société américaine. Plus récemment, de nombreuses personnalités sportives, clubs et ligues ont pris la parole pour dénoncer les violences policières et exprimer leur soutien au mouvement Black Lives Matter.
IRIS : Qu’est‐ce qui peut expliquer un tel engouement militant, aujourd’hui, contre le racisme aux États‐Unis, notamment au sein de cercles sportifs européens ?
MICKAËL CORREIA : Plusieurs éléments qui se croisent peuvent expliquer le soutien des athlètes européens au mouvement Black Lives Matter, suite à l’affaire de George Floyd. Déjà parce qu’il y a beaucoup de sportifs racisés dans l’industrie sportive européenne. En fait, cela les touche, je pense, directement et d’autant plus qu’ils sont issus aussi – encore plus dans le football – de quartiers populaires. Cette question des violences policières sur des personnes non blanches, c’est quelque chose qui leur parle et qui peut résonner avec leur histoire personnelle, leur vécu.
Si l’on recentre sur le football en Europe, le racisme est encore extrêmement présent. Dans ce sport, on voit très régulièrement qu’en Italie, en Espagne, aussi en Europe de l’Est, les tribunes sont encore gangrénées par le racisme. Cette question du racisme est extrêmement présente dans l’industrie du football en Europe. En effet, le football – et c’est tout le travail que j’ai fait à travers le livre – et le sport constituent un miroir, en tout cas un miroir grossissant, de la société dans laquelle on vit. Aujourd’hui, la question des violences raciales est devenue un sujet majeur…