L’impulsion de la Turquie à la nouvelle dynamique des relations internationales

  • Élise Boz-Acquin

    Élise Boz-Acquin

    Docteure en droit, chercheuse en défense et sécurité, auditrice IHEDN

Les multiples évolutions de la diplomatie turque font douter nombre de commentateurs de l’appartenance de la Turquie à « l’axe occidental » du fait de son supposé basculement vers l’Asie. Les alliances et mésalliances des dernières années ne sont certes pas toujours faciles à décrypter1. Néanmoins, qu’elles découlent de relations à la carte, éphémères et opportunistes2− symptomatiques d’une puissance émergente3− l’impossibilité à avoir une lecture claire et cohérente de la politique étrangère turque résulte, à notre sens, d’une nouvelle conception voire d’une identité toute nouvelle de la géopolitique turque. Mais pour en rendre compte, une autre grille de lecture s’avère nécessaire en raison du manque de pertinence du concept d’« axe » ou de « bloc », qui ne permet pas d’illustrer en quoi ces évolutions polymorphes seraient révélatrices d’une présupposée rupture stratégique de la part de la Turquie. L’objet de notre réflexion est de s’interroger sur le point de savoir si ce concept ne serait pas inadéquat au point d’induire toute analyse de la diplomatie turque à une lecture erronée. Est-il pertinent pour comprendre l’évolution géopolitique de la Turquie ? D’ailleurs, a-t-il toujours un sens eu égard au nouvel ordre mondial, qui compte désormais une pluralité d’acteurs étatiques, ayant chacun vocation à jouer un rôle important dans le système international ?