« Mrs. America » : l’anti-féminisme en série

  • Marie-Cécile Naves

    Marie-Cécile Naves

    Directrice de recherche à l’IRIS, directrice de l’Observatoire Genre et géopolitique

Autour du personnage de Phyllis Schlafly, la mini-série diffusée par Canal +, « Mrs. America », présente les icônes de l’anti-féminisme et du féminisme américains des années 1970.

« Toutes les Constitutions rédigées depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale garantissent l’égalité entre les femmes et les hommes. Mais pas celle des États-Unis ». Ces mots de Ruth Bader Ginsburg, juge à la Cour suprême et célèbre défenseuse des droits des femmes, rappellent que l’Amérique n’a jamais ratifié l’Equal Rights Amendment (ERA). Validé par le Congrès en 1972, il n’a jamais passé le cap d’un vote favorable dans les trois quarts (38) des États fédérés, comme la règle l’exige. Ou plutôt, il vient juste de le passer grâce à la ratification de la Virginie au début de l’année 2020. Néanmoins, la même Ruth Bader Ginsburg a expliqué récemment qu’elle estimait que l’ensemble du processus devait être reconduit. En cause : presque quarante ans ont passé depuis la date limite de 1982, imposée aux États fédérés pour voter ce texte. La polémique sur le plan politique comme légal n’est toujours pas close, même chez les plus grands défenseurs de cet amendement (dont Ginsburg fait partie). Or, sa ratification aurait une portée symbolique forte, en plus d’ouvrir la voie à des lois fédérales beaucoup plus explicites qu’aujourd’hui en matière de lutte contre les discriminations et les violences de genre, dont les États-Unis de Trump ne sont pas préservés…