Politisation des tribunes : les supporters, acteurs politiques comme les autres ?

  • Loïc Trégourès

    Loïc Trégourès

    Docteur en science politique, Université de Lille 2, spécialiste des Balkans

La presse s’est fait l’écho récemment du rôle joué par certains groupes de supporters de football dans les manifestations qui se déroulent en Algérie depuis plusieurs semaines pour demander le départ du président Bouteflika.

Que ce soit à travers des chants et banderoles déployés au stade ou bien dans les slogans directement sortis du répertoire des tribunes, entonnés par des foules gigantesques, ces groupes de supporters semblent s’être imposés comme des acteurs incontournables de ce mouvement populaire massif. Or, ce phénomène ne va, a priori, pas de soi. D’une part, car l’image traditionnellement véhiculée des supporters est celle d’une masse informe et déconscientisée, seulement préoccupée par son club. D’autre part, car quand bien même accepterait-on que les supporters soient des citoyens ni plus ni moins idiots ou dépolitisés que les autres, les groupes eux-mêmes revendiquent pour la plupart un apolitisme plus ou moins strict. Autrement dit, si chacun est libre à titre individuel de penser ce qu’il veut et de se rendre à des manifestations, les slogans politiques sont en règle générale absents des virages.

Comment dès lors expliquer le phénomène auquel nous assistons en ce moment en Algérie ? Deux types d’explications peuvent être données, qui dépassent le cas de l’Algérie et le replacent au contraire dans le temps plus long des mobilisations politiques des tribunes…