Notes / Asia Focus
6 décembre 2018
Wang Huning : l’architecte du « rêve chinois »

«Zhonguo Meng» (中国梦). Que vous soyez ou non sinologue, l’expression ne vous a peut-être pas échappé et pour une bonne raison : il s’agit de l’ambitieux slogan retenu par Xi Jinping depuis son intronisation en 2013 pour incarner le projet qui marquera les cinq à dix années de sa mandature. Le choix du « Rêve chinois» n’est évidemment pas anodin, car il permet de légitimer le maintien de l’emprise du Parti sur le sort du pays tout en s’offrant le luxe d’un pied de nez à l’éternel rival américain, considéré aujourd’hui sur le déclin. Cette culture des slogans simples et imagés n’est du reste pas une nouveauté pour les bureaucrates de Pékin : Jiang Zemin avait déjà placé son règne sous le sceau des ‘Trois Représentativités’, et Hu Jintao sous celui de la ‘Société Harmonieuse’ afin de mobiliser l’opinion autour de leurs gouvernements respectifs. Si cette cohérence dans le choix des formules pourrait au premier abord être imputée à la rigide novlangue des mandarins du régime, la vérité est en réalité bien plus simple : les trois expressions sont le fruit d’un seul et même intellectuel que beaucoup considèrent comme l’éminence grise du Politburo. Inconnu ou presque en Occident, le personnage se nomme Wang Huning et il influençait déjà les politiques du Parti dans les années 90 alors que Xi Jinping ou Bo Xilai en étaient encore à faire leurs classes à l’échelle vice-provinciale…