La nouvelle vague de nationalisme chez les jeunes turcs

  • Selin Gücüm

    Selin Gücüm

    Diplômée en Sciences politiques, Institut catholique de Lille, London School of Economics and Political Science

Alors que la Turquie entre dans un nouveau chapitre de son histoire politique marqué par l’intensification de l’autoritarisme, un phénomène parallèle se développe, porté par une jeunesse animée par un nationalisme aux accents singuliers, qui s’affirme progressivement et pourrait redessiner les équilibres politiques du pays à l’avenir.

Le courant nationaliste qui marque fortement la scène politique ces dernières décennies est porté par le MHP (Parti d’action nationaliste) et, de manière croissante, par l’AKP (Parti de la justice et du développement), ce dernier ayant durci son discours nationaliste au fil des années afin de consolider et élargir sa base électorale. Le courant idéologique dominant de ces deux partis s’affirme à la fin des années 1970 avec le mouvement ülkücü, qui, en voie d’islamisation, a été profondément imprégné par la « synthèse turco-islamique » propagée après le coup d’État militaire du 12 septembre 1980. Cette doctrine, qui affirme que l’islam sunnite constitue une composante essentielle de l’identité turque, a aussi influencé les cadres
du premier parti islamiste de Turquie, le MNP (Parti de l’Ordre national), fondé en 1970 par Necmettin Erbakan et précurseur de l’AKP. De nature étatiste, nationaliste et conservatrice, cette synthèse idéologique constitue aujourd’hui l’ossature du MHP et, depuis 2015, alimente également une grande partie de la base électorale de l’AKP.