Pressentiments, sentiments et ressentiments antifrançais : itinéraire d’un passé qui ne passe pas

RIS 133 - Printemps 2024

Les convulsions politiques récentes au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont prêté à plusieurs lectures. La relative concomitance dans la survenance de ces coups d’État, le lexique dégagiste employé ainsi que la rhétorique volontiers antifrançaise qui ont caractérisé les trois séquences ont posé les bases d’une communauté et d’une affinité qu’auraient en partage ces transitions « chaotiques », achevant de les poser comme les manifestations probantes d’une rupture post-coloniale. Pris ainsi, sans loupe grossissante, et obéissant uniquement à la logique calendaire et celle des similitudes dans ce périmètre sahélien en proie à des difficultés persistantes, la tentation est bien réelle de voir à l’œuvre une lame de fond commune : celle d’un désir qui travaille les corps sociaux africains en profondeur pour exiger l’émancipation vis-à-vis de toute forme de tutelle, et en premier lieu, de celle de l’ancien colonisateur. La gramm