Pour une éthique de la gouvernance océanique

Depuis l’Antiquité, la mer a été simultanément un horizon d’imaginaire et un espace de puissance. Perçue tantôt comme frontière mouvante, tantôt comme promesse d’expansion, elle est demeurée un lieu d’altérité radicale, échappant aux logiques territoriales qui ont façonné les sociétés terrestres. Pourtant, à mesure que les capacités techniques de l’humanité progressent, l’océan s’inscrit de plus en plus dans des dynamiques de rivalité et d’appropriation, comme un prolongement des tensions économiques, stratégiques et environnementales du monde contemporain. Le basculement dans l’anthropocène a conféré une centralité nouvelle à l’espace océanique. Désormais perçu comme un régulateur climatique vital, un réservoir de ressources convoitées, mais aussi un champ d’affrontements géopolitiques, l’océan cristallise les contradictions d’un ordre mondial qui oscille entre logique extractiviste et urgence de préservation. Si sa gouve