L’efficace politique du sentiment : une histoire sahélienne

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  • Rahmane Idrissa

    Rahmane Idrissa

    Chercheur senior au Centre des études africaines de l’Université de Leyde et maître de conférences en science politique à l’Africa Institute de Sharjah

Le sentiment est chose éminemment politique. D’après celui qui se présente comme le premier praticien de la science politique, Thomas Hobbes, c’est un sentiment qui est à la base de tout ordre politique, à savoir la crainte, « la peur mutuelle que les hommes éprouvent les uns pour les autres ». Albert Hirschman, dans Les Passions et les intérêts, a montré comment la pensée politique de la première modernité en Occident (XVIIe-XVIIIe siècles) s’est construite autour de l’idée d’une police des « passions » (émotions, sentiments). Les affects, les pulsions et ce que l’on appelait au Moyen Âge chrétien les concupiscences (libido) doivent être à la fois disciplinés et exploités pour assurer la stabilité et la prospérité d’une entité politique. Le vaste domaine du subjectif et du psychologique, qui comprend aussi cet imaginaire que Cornelius Castoriadis pose à la base fondatrice des sociétés, apparaît comme une composante essentielle et ind

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