Équilibres internationaux et mondialisation
Décembre 2020
La Russie dans la rivalité Chine / États-Unis

RIS 120 - Hiver 2020

Depuis Ivan III, l’aigle à deux têtes russe regarde vers l’Orient et vers l’Occident, à la fois pour s’en garder et pour s’en inspirer. La figure du « triangle stratégique » Washington-Moscou-Pékin [1], mobilisée par Henry Kissinger, n’est donc pas étrangère à la Russie. Mais ses autorités ne peuvent que constater qu’elles ont été à tous les égardes les perdantes de ce jeu. Les États-Unis avaient su appliquer avec succès, jusqu’à la chute de l’Union soviétique, la règle instituée par leur ancien secrétaire d’État, qui voulait que Washington soit le sommet du triangle et reste plus proche de chacun des autres protagonistes qu’ils ne l’étaient entre eux. Dès lors, après une période d’effacement et d’unipolarité au profit des États-Unis, et après la montée en puissance rapide de la Chine dans les années 2000, la Russie, trop faible, sait qu’elle ne constitue plus un des sommets pertinents du triangle. Cette figure