Notes / Asia Focus
31 janvier 2024
Quel avenir pour la relation Iran-Chine ? – Deuxième Partie

EMMANUEL LINCOT : Quid de l’évolution du régime, Théo Nencini ? Est-ce que le régime s’est durci ? Est-ce qu’il y a une évolution sur le plan conjoncturel du fait justement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ? Est-ce qu’il y a un impact sur le régime iranien ?
THÉO NENCINI : J’imagine que tous les présents ici ont eu écho de l’important mouvement de contestation qui, l’automne dernier, a fortement secoué les principales villes iraniennes, en réaction au décès de Mahsa (Jina) Amini, une jeune fille originaire du Kurdistan iranien décédée à Téhéran après avoir été arrêtée – et violemment malmenée – par la police des mœurs pour avoir mal porté son voile. Cet évènement, et l’agitation sociale à laquelle il a donné lieu (qui a par moments sérieusement inquiété les autorités du régime), ont fait l’objet d’une très importante couverture médiatique en Occident. Effectivement, ces manifestations étaient d’une ampleur inégalée en République islamique en ce qu’elles remettaient en cause les fondements mêmes de la légitimité du régime – ce qui n’avait pas été le cas lors du Mouvement Vert de 2009, qui s’était « limité » à dénoncer la fraude électorale ayant permis la réélection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence de la République, et plus généralement, s’insurgeait contre la mauvaise gouvernance politique et la corruption généralisée au sein du régime, mais n’était pas allée jusqu’à remettre en cause son existence même. Ce qui pose problème, c’est que le récit mis en avant dans les médias occidentaux était (et reste) en décalage par rapport à la réalité du terrain…