Géopolitique de l’action humanitaire

Alors que les conflits armés se multiplient et gagnent en intensité, que la crise environnementale porte atteinte à l’intégrité d’une grande partie de la population mondiale, l’humanitaire, nécessaire en ces périodes de trouble, est confronté à la radicalisation des discours à son égard. La montée de l’extrême droite à travers le monde menace sa pérennité par des décisions allant à contrecourant de la réalité. Suspension de l’USAID par Donald Trump, pénalisation de l’accueil de réfugié et réduction du financement annoncée par les Européens, tous les indicateurs sont en rouge pour l’écosystème économique de l’action humanitaire. Que reste-t-il aujourd’hui des principes de solidarité et d’indépendance bâtis par les acteurs humanitaires depuis les années 1970 ? Comment font-ils face aux dilemmes parfois existentiels qui les menacent, du non-respect du droit international humanitaire à l’emprise néolibérale, de la crise environnementale aux prises de position radicales des populismes ?

À l’occasion de la sortie de son livre « Géopolitique de l’action humanitaire » (Eyrolles, mai 2025), Jean-François Corty, président de Médecins du monde et chercheur associé à l’IRIS, répond à nos questions :

• Comment les bases de l’humanitaire mondiale se sont-elles construites et sur quels principes reposent-elles ? Qui sont les principaux acteurs de cette construction ?
• Alors que le contexte international est marqué par des crises successives, quels sont les principaux défis auxquels l’humanitaire doit faire face ?
• Comment l’action humanitaire peut-elle se transformer pour répondre aux différents enjeux qui pèsent sur son développement ?