La politique étrangère indienne depuis 1991 : vers une redéfinition du non-alignement ?

  • Claire Giroir

    Claire Giroir

    Étudiante à Sciences Po Paris

Pour la première fois, l’Inde n’a pas participé au sommet du Mouvement des non-alignés, qui a eu lieu au Venezuela en septembre 2016[1]. Depuis son arrivée au pouvoir en mai 2014, l’action du Premier ministre indien Narendra Modi semble refléter la volonté de rompre avec la tradition du non-alignement, née pendant la guerre froide à l’initiative de Jawaharlal Nehru, et regroupant les pays ne souhaitant pas s’inscrire dans la logique d’affrontement Est-Ouest.

Narendra Modi poursuit et intensifie l’orientation prise par la politique étrangère au début des années 1990, et qui illustre un changement de paradigme : l’Inde affirme désormais sur un ton nouveau ses intérêts et ses ambitions de puissance émergente. L’année 1991 marque en effet un tournant considérable, à la fois sur le plan intérieur et extérieur.

Après quatre décennies de domination presque sans partage, se profile l’érosion du Parti du Congrès au profit de la montée en puissance du Parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP – Parti du Peuple Indien), qui sera à l’origine des essais nucléaires de mai 1998. La crise de la balance des paiements conduit l’Inde à engager un programme de libéralisation économique sans précédent. Le succès de la politique de réforme et d’ouverture de la Chine lancée en 1978 fait apparaître le retard économique et social de l’Inde, et pose également un défi géopolitique majeur au sein du contexte asiatique…