Notes / Observatoire de la Turquie et de son environnement géopolitique
6 octobre 2014
Les défis de la politique régionale de la Turquie

Depuis plusieurs mois, il est de bon ton, chez de nombreux commentateurs, d’ironiser, de s’inquiéter pour certains, sur les évolutions de la politique extérieure de la Turquie. L’angle d’attaque de ces critiques est immanquablement de souligner la forte contradiction qui existe entre les déclarations passées, maintes fois répétées, de Ahmet Davutoglu, alors ministre des Affaires étrangères, sur le « zéro problème avec nos voisins » et la réalité actuelle de cette assertion.
Certes, la Turquie connaît aujourd’hui de réelles difficultés dans ses relations avec la plupart de ses voisins. Toutefois, deux remarques s’imposent. La première est que la formule forgée par l’ancien ministre des Affaires étrangères, même si elle a conjoncturellement de fortes difficultés à être mise en oeuvre, représentait un formidable changement de paradigme par rapport à la formule « le Turc n’a pas d’autre ami que le Turc », qui a, durant des décennies, été l’un des adages de la politique extérieure turque. Modification donc essentielle dans la perception des Turcs de leur environnement géopolitique. La seconde, même si elle n’absout pas les erreurs de la Turquie, oblige à admettre qu’il est plus complexe d’articuler une politique régionale fluide et raisonnée lorsque que l’on possède pour voisin la Syrie, l’Irak ou l’Iran, plutôt que l’Espagne, l’Italie, la Suisse ou l’Allemagne. Inutile donc de prétendre donner des leçons à la Turquie sans prendre en compte ces données basiques, pourtant visiblement nécessaires à rappeler…