Les enjeux de l’élection américaine de 2024 : démocratie, stabilité intérieure et lutte politique

  • Lincoln Mitchell

    Lincoln Mitchell

    Analyste politique, essayiste, enseignant à la Columbia University

L’élection présidentielle américaine n’est plus qu’à quelques mois et pour la troisième fois consécutive, les électeurs américains seront confrontés à la question primordiale de savoir s’ils veulent Donald Trump à la Maison-Blanche. Un paradoxe de l’ère Trump, qui entre maintenant dans sa 9e année, est qu’en ce qui concerne la politique intérieure, Trump a tout changé, tout en ne changeant rien.

Pendant les quatre années de sa présidence, Trump a incarné un mélange d’avidité, d’ignorance, de bouffonnerie et de mépris pour la démocratie sans précédent. Cependant, sur le plan politique, bon nombre de ses actions sont similaires à celles que Jeb Bush, John Kasich ou Ted Cruz auraient entreprises s’ils avaient remporté la nomination républicaine et l’élection présidentielle de 2016 a sa place. Les principales réalisations politiques internes du mandat de Trump, telles que la nomination de juges conservateurs, y compris à la Cour suprême, l’adoption de réductions d’impôts importantes favorisant les riches, et l’assouplissement des réglementations environnementales et autres, correspondent exactement à ce que tout autre président républicain aurait probablement fait. En fait, ces actions s’inscrivent dans la continuité des politiques menées par tous les présidents républicains récents, et cela depuis Ronald Reagan.

Ce paradoxe s’applique également à l’élection à venir. Une réélection de Joe Biden entraînerait probablement la poursuite de politiques de centre gauche similaires à celles de son premier mandat, qui s’inscrivent dans la continuité de l’administration Obama, bien que peut-être avec une portée élargie. Ainsi, un second mandat de Biden refléterait largement celui en cours : un président expérimenté et vieillissant, capable de travailler avec le Congrès pour trouver des consensus, surtout étant donné la probabilité que les Républicains contrôlent au moins une chambre. De même, une victoire de Trump entraînerait une poussée, typique des présidents républicains, pour davantage de réductions d’impôts et de déréglementations. Les deux chercheraient à nommer autant de juges que possible partageant leurs perspectives idéologiques et partisanes…