La bataille d’Istanbul : le véritable défi des élections municipales du 31 mars en Turquie

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  • Selin Gücüm

    Selin Gücüm

    Diplômée en Sciences politiques

 

Quant aux électeurs, on ne ressent pas l’excitation habituelle ni du côté du pouvoir ni du côté de l’opposition. Les électeurs de l’opposition ne semblent pas encore avoir surmonté la déception et la colère des élections présidentielles de 2023. Cependant, les électeurs du camp du pouvoir ne sont pas non plus très enthousiastes. La crise économique, avec une inflation très élevée et des salaires trop bas, notamment pour les retraités, est un facteur majeur. Dans le contexte actuel, seuls les électeurs du YRP semblent être enthousiastes pour les élections. Même si le charisme d’Erdoğan lui a permis de remporter les élections présidentielles, les dynamiques des élections municipales sont toujours plus variées en Turquie. Alors que la participation était de 84,6% en 2019, on peut s’attendre à une diminution considérable du taux de participation, et le parti qui aura les électeurs les moins démotivés remportera la victoire.

Cette élection municipale revêt donc une importance cruciale pour l’avenir politique de la Turquie. En effet, la question ne concerne pas seulement Istanbul, mais elle servira de transition vers une nouvelle course au pouvoir pour les élections présidentielles de 2028, car la véritable compétition se joue entre Erdoğan et İmamoğlu[3]. Si Ekrem İmamoğlu remporte à nouveau Istanbul, l’opposition aura un candidat fort pour les élections de 2028. En revanche, si E. İmamoğlu est battu, le camp de R. T. Erdoğan n’aura aucun rival pour les élections de 2028. Les deux camps en sont bien conscients, et la course se poursuit avec une avance légère pour E. İmamoğlu. Néanmoins, la moindre erreur, la moindre gaffe d’un candidat peut tout changer dans un contexte très polariser.

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[1] C’est un ensemble de lois turques visant à enregistrer et à légaliser les constructions nominalement illégales. L’amnistie est accordée (rétroactivement) aux bâtiments sans permis de construire et aux constructions qui ne respectent pas les codes de construction officiels, y compris les règles de sécurité contre les incendies et les tremblements de terre. Les amnisties de zonage sont souvent accordées par les autorités pour un gain économique et politique à court terme.

[2] Pour visiter le site web : https://www.istanbulahosgeldin.com/