Lawfare et géopolitique : focus sur l’Amérique latine

  • Celso Amorim

    Celso Amorim

    Diplomate brésilien, ancien ministre de la Défense et ancien ministre des Affaires étrangères du Brésil

  • Carol Proner

    Carol Proner

    Avocate, docteure en droit, professeure à l’Université fédérale de Rio de Janeiro, membre de l’Association brésilienne des juristes pour la démocratie

L’Amérique latine connaît, de manière générale, une phase d’érosion des conquêtes démocratiques après plus d’une décennie caractérisée par des avancées historiques dans l’effectivité des droits économiques et sociaux, accompagnées d’une participation sans précédent des minorités, des représentants indigènes, syndicaux, paysans, et de diverses forces sociales et populaires.

Cependant, des ruptures et des revers se sont progressivement produits, avec des offensives contre des leaders politiques, des partis et des forces progressistes, qui sont devenus la cible de poursuites judiciaires sélectives avec une large couverture médiatique. Ces procès ont été analysés comme étant le phénomène du « lawfare » : l’utilisation des appareils juridiques comme stratégie non conventionnelle pour déstabiliser et atteindre les opposants et les adversaires politiques.

Le pape François a été une voix importante dans la dénonciation des abus du pouvoir judiciaire en concertation avec les médias pour condamner les personnes sans procès en bonne et due forme. Dans ses déclarations, François a réitéré sa préoccupation quant aux conséquences négatives d’une crise de légitimité de la justice et quant à la possibilité de graves revers démocratiques, comme il l’a admis à son ami et prix Nobel de la paix Adolfo Pérez Esquivel en 2016, lors de la procédure de destitution contre l’ancienne présidente Dilma Rousseff.