La compétition internationale pour les technologies bas-carbone : vers une nouvelle géopolitique de l’énergie ?

  • Clément Bonnet

    Clément Bonnet

  • Philippe Copinschi

    Philippe Copinschi

L’accès à l’énergie est, depuis longtemps, l’un des piliers de la puissance des nations. Le charbon fut ainsi à la base de la révolution industrielle du XIXe siècle, avant que le pétrole ne devienne l’énergie stratégique de référence au cours du XXe siècle, grâce à ses avantages indéniables (facilité de production, de stockage et de transport, très haute densité énergétique, etc.).

Si ce n’était en raison de l’urgence climatique, l’ère des combustibles fossiles se poursuivrait certainement encore plusieurs décennies, d’autant que de multiples avancées technologiques ont permis de continuellement augmenter à la fois la production et les réserves mondiales de pétrole et de gaz naturel (fracturation hydraulique, forage en haute mer, forage horizontal, etc.). Le monde est pourtant aujourd’hui à un tournant car l’ère pétrolière touche à sa fin, non pas à cause d’une pénurie de ressources fossiles, mais en raison des rejets de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère lors de leur combustion.

La concentration atmosphérique de CO2 est ainsi passée de 280 parties par million (ppm) avant l’ère industrielle à environ 415 ppm à mi-2019, principalement à cause de l’utilisation de combustibles fossiles mais aussi du fait de la déforestation et d’autres activités économiques (élevage intensif). La planète est maintenant environ 1,2°C plus chaud qu’au 19e siècle, avec comme conséquence de perturber les sociétés, les économies et les écosystèmes (élévation du niveau de la mer, déplacements massifs de populations, sécheresses, inondations, maladies infectieuses émergentes, d’incendies massifs, etc.).

Pour toutes ces raisons, les États membres de l’ONU ont adopté l’Accord de Paris sur le climat en décembre 2015, visant à maintenir le réchauffement à « bien en dessous de 2 °C » et, si possible, à limiter le réchauffement à 1,5 °C ou moins d’ici à 2100. Cet objectif imposerait de réduire au minimum de 70% les émissions globales de GES d’ici 2050. Dans ce cadre, chaque pays a proposé une « contribution déterminée au niveau national » (NDC pour Nationally Determined Contributions) détaillant ses objectifs en matière de réduction de ses émissions de GES, en particulier via des politiques de transition énergétique qui visent à éliminer l’utilisation des énergies fossiles, notamment dans la production d’électricité et dans le transport…