Notes / Asia Focus
26 septembre 2019
Spleen et aliénation chez les militaires japonais : le suicide dans les forces d’autodéfense

En novembre 2003, un journal japonais spécialisé dans les questions militaires publia les résultats alarmants d’une enquête interne diligentée par les Forces terrestres d’autodéfense (FTA) : 16% des militaires des forces terrestres avaient songé, à un moment ou à un autre, à se suicider , alors que les statistiques officielles sur ce phénomène étaient à la hausse. En novembre 2008, afin de répondre aux interrogations suscitées par divers scandales dans les services de la défense nationale du pays, le gouvernement avait installé une « commission de réforme du ministère de la Défense », bôeishô kaikaku kaigi, composée d’experts extérieurs avec pour mission de réfléchir à la « rénovation du ministère » à partir de trois thèmes : le système du contrôle civil, le secret défense, le régime des marchés et des commandes publiques militaires. À un député de l’opposition qui s’étonnait que l’un des problèmes récurrents auxquels l’administration devait faire face depuis de nombreuses années – le suicide des militaires – ne figurait pas à l’ordre du jour de cette instance, le ministre avait répliqué que cette absence ne signifiait pas que le ministère ne se désintéressait pas de la question, mais qu’elle était prise en charge par d’autres instances . Précisément, le 22 janvier 2004, lors de la 4ème réunion du Comité d’études sur la politique en matière de ressources humaines, jinji kankei shisakutô kentô kaigi de l’agence de Défense, l’un des participants s’était ainsi exprimé : « Il est certes important de déceler les causes des suicides [à l’intérieur des Forces d’autodéfense (FAD)], mais pour construire une Jieitai (FAD) forte, elle doit répondre à des exigences de qualité. Il faut donc considérer le suicide comme une forme de sélection naturelle. Les politiques de prévention ne peuvent répondre à tous les cas de figure auxquels sont confrontés les militaires »…