Notes / Asia Focus
4 juillet 2019
Censure et autocensure : le cas des pérégrinations du peintre Nirode Mazumdar

Depuis le début du XXIe siècle, de grandes expositions – de Timeless Visions: Contemporary Art of India de 1999 à Paris, Delhi, Bombay de 2011 – ont témoigné de l’avènement de l’art indien sur la scène internationale de l’art contemporain. Cette entrée des artistes indiens – Atul Dodiya, Subodh Gupta, Jitish Kallat, Sudarshan Shetty, Tejal Shah, etc. – dans la circulation mondiale, tant marchande qu’institutionnelle, de l’art contemporain s’est assortie d’une série de « conditions » et de « cadres imposés ».
Certains observateurs, analysant la dimension mondialisée de la production et de la diffusion de l’art actuel, parlent d’une « censure masquée », voire d’une « dictature soft » inhérente au système capitaliste du marché de l’art. Cette censure est tant de nature esthétique que de nature économique. D’un point de vue esthétique, les notions de « modernité » et de « contemporanéité » artistiques restent encore en grande partie liées à une définition occidentalo-centrée fixant les valeurs européennes comme critères « universaux » d’appréciation. D’aucuns soulignent qu’un certain formatage, autour des principes « occidentaux » de l’installation et du multimédia, est imposé aux productions artistiques, au nom d’une « contemporanéité » de l’art . D’un point de vue économique, les grandes manifestations « multiculturelles » qui servent de plateformes à des carrières internationales présentent un nombre relativement restreint d’artistes…