Jeux de la Francophonie : vers une diplomatie sportive francophone ?

IRIS : Vous avez publié avec plusieurs autres signataires en mars dernier une tribune appelant à un renouvellement des Jeux de la Francophonie. Pourquoi avoir lancé cette initiative ?

SYLVIE LE MAUX : Depuis plusieurs éditions, nous constatons que le format proposé pour cet événement ne répond plus aux attentes des différents acteurs des Jeux de la Francophonie. Les États et gouvernements peinent à inscrire des délégations ; les fédérations sportives internationales n’envoient plus leurs meilleurs éléments ; les médias ont du mal à diffuser les épreuves culturelles et sportives et le monde économique ne comprend pas comment il pourrait s’engager.

Les Jeux de la Francophonie sont, en valeur absolue, un formidable rendez-vous qui trouvait, il y a quelques années, toute sa place dans la vitrine de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Or, aujourd’hui, le modèle des Jeux n’est plus adapté aux exigences du monde actuel ; il est donc indispensable de remettre les choses à plat, comme le ferait tout professionnel de l’événementiel désireux de progresser en adaptant sa programmation à l’actualité politique, économique, sportive, etc. Et ce, d’autant plus que les Jeux de la Francophonie n’ont lieu que tous les quatre ans et qu’ils s’adressent à une jeunesse dont les attentes évoluent très vite. Regardez le CIO : il n’a pas hésité à se remettre en question en détachant les Jeux olympiques et paralympiques d’hiver des Jeux d’été. Il a ensuite accepté d’engager simultanément deux olympiades : Paris 2024 et Los Angeles 2028. Bien sûr, ces changements perturbent les systèmes en place, mais chacun en sort finalement gagnant. Le plus grand danger serait l’immobilisme. L’OIF vient de lancer son 3e appel à candidatures pour les Jeux de 2021 !
On voit mal ce qui pourrait en sortir, alors que les pays renoncent les uns après les autres. Le problème est ailleurs et il est urgent de se mettre autour d’une table pour en discuter…