Notes / Observatoire de la Turquie et de son environnement géopolitique
13 avril 2017
Vers une monarchie présidentielle en Turquie

La Turquie s’apprête à connaître le septième référendum de son histoire républicaine, dont le troisième sous Recep T. Erdoğan. Le 16 avril prochain, plus de 55 millions d’électeurs sont appelés à voter oui ou non pour une révision constitutionnelle comportant 18 articles ; lesquels ont été rédigés par le pouvoir sans qu’ils aient fait l’objet de consultation ni auprès des ONG, ni auprès de l’opposition, à l’exception de la droite nationaliste parlementaire. Le texte est capable de faire glisser le pays d’un État constitutionnel vers un État avec une constitution selon S. Selçuk, président de la Cour de cassation de 1999 à 2002, tandis qu’aux yeux du président de la République turque, Recep T. Erdoğan, l’un des rares chefs politiques exerçant sans interruption le pouvoir depuis 14 ans, un Régime présidentiel à la turque est en marche. L’enjeu est donc historique.
L’avènement d’un tel bouleversement a évidemment nécessité le tracé méthodique d’un chemin ad hoc. En effet, il fallait, au moins, 330 votes sur 550 pour que le texte soit adopté à l’Assemblée nationale en l’état. M. Erdoğan a dû d’abord convaincre la direction de son parti : « Votre devoir est de bien surveiller le MHP (Parti d’action nationaliste) et de faire passer la loi présidentielle au Parlement. Je m’occupe du reste. Je vais remporter la victoire, avec mon peuple ». La tâche n’était pas aisée car le président était confronté à deux obstacles. En premier lieu, son parti ne possède que 316 députés. Aussi a-t-il fallu qu’il se rapproche du parti de la droite nationaliste qui compte pour sa part 40 députés. Une coalition islamo-nationaliste a ainsi vu le jour et avec elle la possibilité de rassembler 356 députés. En second lieu, il a fallu surveiller de près les députés sceptiques estimés à 48 au sein du parti au pouvoir, et autour de 15 au sein du parti de la droite nationaliste…