Notes / Asia Focus
21 septembre 2023
Une géographie de l’art contemporain en Inde

EMMANUEL LINCOT : Mumbai a souvent été comparée à Shanghai. C’est la ville, soulignez-vous, de tous les « superlatifs » (P 26), mais c’est aussi la ville où se trouvent, avec New Delhi, le plus grand nombre de galeries. Pour autant, vous dites que le « territoire de l’art est réticulaire, c’est-à-dire qu’il s’agence en un ensemble d’aires et de lieux disjoints reliés par des éléments en un réseau territorialisé » (P 33). Est-ce à dire que Mumbai est avant tout un lieu de promotion des artistes, mais que les foyers artistiques se trouvent, eux, dans l’arrière-pays ?
CHRISTINE ITHURBIDE : Dans l’ouvrage, Mumbai (appelée Bombay jusqu’en 1992) est présentée comme l’une des capitales culturelles de l’Inde dont l’histoire s’est constituée sur plusieurs décennies. De par son statut de carrefour économique à partir du 19e siècle, elle a été le lieu de nombreuses circulations d’artistes, de marchands d’art et de productions culturelles. En revenant sur l’émergence du district artistique dans le quartier de Kala Ghoda pendant la période coloniale, on découvre que ce quartier au sud de Bombay se présente déjà à cette époque comme une centralité intellectuelle, éditoriale et marchande avec l’ouverture des premiers salons d’exposition. Cependant, ce quartier reste aussi largement réservé à une élite britannique et indienne…