Notes / Asia Focus
1 octobre 2020
Deuxième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie : horizons incertains

Le processus d’autodétermination qui se déploie en Nouvelle-Calédonie depuis maintenant plus de trente ans est, à bien des égards, exceptionnel. Inédit sous la Vème République, il est la preuve irréfragable que le respect, l’échange, le temps long et l’impérieux souci du vivre ensemble sont les valeurs cardinales pour orienter l’avenir d’une population qui a longtemps cheminé par des sentiers tortueux et qui ne souhaite plus faire l’expérience des traumatismes de son passé.
Par la délégation des compétences dont la Nouvelle-Calédonie bénéficie et par les exceptions dont l’Histoire l’a dotée, elle est certainement le plus singulier des territoires de France. Elle est à la fois ce territoire français ultramarin par excellence : conquise par la force à l’heure où les Empires européens se partageaient le monde sans vergogne ; administrée au mépris des larmes d’une population autochtone dont la terre, la culture et les esprits ont été méprisés ; développée par le courage, la sueur et l’abnégation de valeureux colons dont les enfants sont aujourd’hui de fiers ambassadeurs ; utilisée à maintes reprises pour alimenter la vitalité économique de la République ; pleinement mobilisée lorsque ses populations ont parcouru des dizaines de milliers de kilomètres pour tenir Verdun ou libérer la France du joug nazi ; enfin, oubliée, progressivement, par des élus concentrés sur la métropole et qui ne se pressent plus pour valoriser le fort potentiel de ces territoires, qui souffrent pourtant d’importants retards de développement et de problématiques sociales profondément enracinées…