Les enjeux stratégiques des routes de la soie

  • Emmanuel Lincot

    Emmanuel Lincot

    Directeur de recherche à l’IRIS, co-responsable du Programme Asie-Pacifique

  • Alexandre Cornet

    Alexandre Cornet

    Co-organisateur de l’open Bretagne Chine à l’École des Affaires internationales de Sciences Po Rennes

ALEXANDRE CORNET : La nouvelle route de la soie a été officiellement dévoilée en 2013 par le président Xi Jinping. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce projet ?

EMMANUEL LINCOT : Autrement appelé en chinois « Yi dai yi lu », traduit en américain par « One Belt One Road » et plus récemment encore (2017) par « Belt Road Initiative » (BRI), il s’agit d’un projet planétaire qui vise pour la Chine à redéployer ses investissements à l’étranger dans des projets d’infrastructures. La stratégie chinoise est à entrées multiples. Capter les ressources du monde, les exploiter et en sécuriser l’acheminement constitue sans doute le fondement principal de cette stratégie. Ne nous leurrons pas : les nouvelles routes de la soie ont une finalité hégémonique. Comme la Grande-Bretagne autrefois, une logique de comptoirs se met en place par la création de ports ou plateformes diverses à vocation civile, voire militaire, et assure ainsi à la Chine des relais logistiques. C’est le « collier de perles » dont une partie non négligeable du tracé converge vers l’Union européenne (UE), premier partenaire commercial de la Chine. C’est aussi avec l’Union européenne que la Chine entend collaborer dans des technologies sensibles telles que l’Intelligence artificielle (IA). D’où, l’année dernière, l’appel de Davos du président Xi Jinping qui eut d’autant plus valeur de symbole dans sa demande appuyée de privilégier le libre-échange que les États-Unis de Donald Trump ont la velléité de restreindre l’accès des produits chinois à leur marché…