Enjeux de société
Mars 2016
Quelle morale pour la corruption ? / Par Gaspard Koenig

RIS 101 - Printemps 2016

Condamner la corruption et fustiger les corrompus remonte au moins à Juvénal vomissant les vices de Rome. Mais la corruption, éternel objet de politique pénale et d’investigation journalistique, n’a jamais été guère discutée sur le plan de la philosophie morale. On la tient pour une évidence. Pourtant, quand l’on tente de cerner de plus près la corruption en tant que concept, elle semble s’évanouir. Si la corruption consiste à « se » vendre, n’est-elle pas au cœur des relations sociales ? Ne sommes-nous pas tous corrompus, dès que nous quittons notre peau d’homo œconomicus abstrait, et devenons des êtres de chair plongés dans des réseaux d’amitié, soumis à la logique du don et du contre-don ? À l’inverse, être incorruptible, n’est-ce pas l’assurance de devenir un tyran, politique comme domestique ? Essayons de mettre entre parenthèses notre jugement spontané, fruit de siècles d’éducation judéo-chrétienn
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