La stratégie de sécurité de la Turquie : une nouvelle doctrine d’emploi des forces armées à l’étranger

À la suite des déconvenues de sa diplomatie régionale après le début des processus révolutionnaires dans les mondes arabes en 2010-2011, qui ont eu raison de sa politique étrangère fondée sur le principe d’« acteur créateur d’ordre », et dont la vocation était d’instaurer une ceinture pacifique au Moyen-Orient [1], la Turquie a été contrainte dès 2015 d’initier une nouvelle stratégie de sécurité [2]. En effet, la devise « paix dans la Nation, paix dans le monde » qu’elle avait fait sienne dès la fin de la guerre froide s’était muée dès 2009 en la promotion d’une politique de « zéro problème » avec ses voisins par la mise en œuvre d’une diplomatie coopérative et modérée jusqu’à ce que des changements profonds, découlant directement des « printemps arabes » et de la guerre syrienne, la contraignent à de nouveaux réajustements [3]. La restructuration de sa politique avait alors consist�