La destruction de la nature est-elle patriarcale ? L’écoféminisme pour subvertir le dualisme

22 min. de lecture

  • Hélène Martin

    Hélène Martin

    Anthropologue, professeure à la Haute école de travail social et de la santé de Lausanne (HES-SO)

La destruction de la nature est-elle patriarcale ? Le récent ouvrage de synthèse L’écoféminisme de Catherine Larrère [1] montre que les approches écoféministes ont déjà largement répondu à cette question : non seulement la destruction de la nature est patriarcale, mais elle est aussi capitaliste et colonialiste. Patriarcale, parce que le processus d’exploitation de la nature qui démarre dans l’Europe moderne aurait coïncidé avec celui de l’oppression des femmes, la modernité ayant consisté en une prise de contrôle sur la nature et sur le corps des femmes, les désappropriant de leurs savoirs et de leurs rôles sociaux, avec une violence extrême dans le cas des chasses aux sorcières [2]. Cette désappropriation ne se limite pas à la modernité européenne, puisque le capitalisme, qui s’est déployé sur l’ensemble de la planète avec le colonialisme, a confisqué aux autochtones les terres dont ils usaient, privatisant les sols en surface – avec

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