Où va l’Iran ?

  • Mohammad-Reza Djalili

    Mohammad-Reza Djalili

  •  Thierry Kellner

    Thierry Kellner

  • Emmanuel Lincot

    Emmanuel Lincot

    Directeur de recherche à l’IRIS, co-responsable du Programme Asie-Pacifique

EMMANUEL LINCOT : Les relations entre la Chine et l’Iran sont fortes surtout depuis que Pékin a soutenu l’effort de guerre iranien dans les années quatre-vingt contre l’Irak de Saddam Hussein. Le spectaculaire revirement américain à l’égard de Téhéran ne risque-t-il pas d’embarrasser Pékin au Moyen-Orient

MOHAMMAD-REZA DJALILI et THIERRY KELLNER : Les relations entre les États-Unis et l’Iran sont encore loin d’être normalisées malgré la conclusion de l’accord sur le nucléaire du 14 juillet 2015. Un sondage d’opinion réalisé auprès du public américain par Pewau début du mois de septembre 2015 montre qu’une normalisation complète des rapports bilatéraux reste un horizon lointain. En effet, seuls 21 % des sondés approuvaient cet accord alors que près de la moitié (49 %) le désapprouvait, tandis que trois sur dix (30 %) n’offraient aucune opinion. Les Républicains y sont plus hostiles que les Démocrates, mais même chez ces derniers, 29 % le désapprouvent. De nombreux Américains restent donc très méfiants à l’égard de la République islamique. Depuis l’été 2015, les progrès dans les relations bilatérales entre les deux pays restent limités. Les positions sur un dossier aussi critique que la Syrie restent très éloignées et la méfiance demeure. En octobre 2015, trois jours après l’annonce par le ministère iranien de la Défense d’un essai réussi de missile longue portée (type Emad) que Washington venait de déplorer et un jour après que le Parlement iranien ait approuvé l’accord du 14 juillet, dans une sorte de mise en garde à ses « ennemis », la télévision de Téhéran dévoilait des images d’une base souterraine contenant de nombreux missiles de différents types. En janvier 2016, Téhéran a capturé 10 marins américains dans deux petits navires « égarés » dans les eaux iraniennes. Ces derniers ont été rapidement libérés grâce à des contacts directs entre les deux pays, ce qui est plutôt positif. Mais le même mois, la télévision iranienne a diffusé les images d’une nouvelle base souterraine contenant des missiles d’une portée de 1 700 kilomètres, un message qui n’a guère été apprécié à Washington. Quelques jours plus tard, juste après la levée de la plupart des sanctions internationales conformément à l’accord de juillet 2015, l’administration Obama en a édicté de nouvelles, liées au programme de missiles balistiques de Téhéran…