Turbulences politiques régionales : la Turquie prise au piège ?

  • Didier Billion

    Didier Billion

    Directeur adjoint de l’IRIS

  • Kadri Gürsel

    Kadri Gürsel

    Éditorialiste au quotidien Milliy

  • Anne Hagood

    Anne Hagood

    hercheure à l’Institut de recherche sur le Moyen-Orient (MERI), Erbil-Irak

Compte‐rendu du 11e séminaire organisé le 27 novembre 2014 à Paris, avec le soutien de la Délégation aux affaires stratégiques du ministère de la Défense dans le cadre de l’Observatoire de la Turquie.

PROPOS LIMINAIRES ‐ Didier Billion

Depuis plusieurs mois, il est de bon ton, chez de nombreux commentateurs, d’ironiser, de s’inquiéter pour certains, sur les évolutions de la politique extérieure de la Turquie. L’angle d’attaque de ces critiques est immanquablement de souligner la forte contradiction qui existe entre les déclarations passées, maintes fois répétées, de Ahmet Davutoğlu, alors ministre des Affaires étrangères, sur le « zéro problème avec nos voisins » et la réalité actuelle de cette assertion. On peut ainsi constater que la Turquie est fréquemment vilipendée par de nombreux médias occidentaux pour son « double » ou « triple jeu » à l’égard de l’organisation État islamique / Daesh, et des combats qui se poursuivent autour de Kobané depuis la mi septembre. La Turquie est ainsi sommée d’organiser une opération terrestre pour sauver la ville alors que, dans le même temps, aucun des membres de l’hétéroclite coalition anti‐djihadiste ne veut mettre en œuvre une telle action. Une nouvelle fois, l’incapacité des acteurs régionaux et internationaux à se doter d’objectifs de long terme les enferme dans leurs contradictions et les contraint à réagir au coup‐par‐coup. Le défi pour la Turquie n’est alors pas tant qu’elle joue un hypothétique double ou triple jeu mais qu’elle est prise dans le piège de la gestion du dossier syrien dans lequel elle s’est enfermée…