Pour une « désinternationalisation » de l’action humanitaire : repenser la relation « mondial-local »

Renforcer le rôle des acteurs nationaux et locaux dans l’intervention humanitaire est une idée qui fait de plus en plus d’adeptes. Soutenir les capacités locales de réduction des risques de catastrophes et d’intervention humanitaire est en effet au cœur des discussions et des préparatifs à l’horizon du Cadre d’action de Hyogo 2 et du Sommet mondial humanitaire de l’ONU. Les organisations non gouvernementales internationale (OING) ont également mis cette question en exergue, partant du constat selon lequel « les partenariats entre les acteurs humanitaires internationaux (bailleurs de fonds, agences onusiennes ou humanitaires) et les pouvoirs publics et les organisations locales et nationales des pays affectés apparaissent de plus en plus comme un modèle à promouvoir pour inclure les capacités locales dans le cadre d’une réponse coordonnée. »

Jusqu’ici, cette attention accrue accordée aux capacités locales et à l’appropriation par le pays receveur a largement privilégié deux aspects : l’efficacité et le pouvoir. S’agissant de l’efficacité, une question centrale se pose : s’ils disposent des ressources adéquates, les acteurs nationaux et locaux, de par leur proximité et leur connaissance des contextes locaux, sont-ils à même d’apporter  une réponse plus efficace que les acteurs internationaux ? La réponse à cette question semble être largement affirmative, bien que des défis et des inquiétudes aient été relevés, portant notamment sur le risque que les acteurs nationaux et locaux ne puissent pas garantir une couverture égale de l’aide en raison de leur taille plus réduite ou qu’ils soient moins enclins à défendre les principes humanitaires traditionnels de neutralité et d’impartialité lorsqu’ils distribuent l’aide aux membres de leur propre société. De plus, selon une opinion très répandue, les situations de conflit interne représentent un cas à part dans lequel la réponse internationale a toujours un rôle unique et indispensable à jouer par rapport à l’action localisée…