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Gaz russe : « Poutine peut décider de nous fermer le robinet ! »

Presse
22 février 2022
Le Président russe pourrait-il « couper le robinet » de son gaz pour le marché européen, en cas de fortes sanctions de la part de l’UE dans la crise ukrainienne ?
Oui, il pourrait le faire ! II existe deux types de contrats. Ceux de long terme parles quels la Russie s’engage à livrer une quantité de gaz précise à un pays donné sur une année, ce qu’elle a toujours respecté jusqu’à présent, et les contrats « spots » qui ne la contraignent pas à vendre. Elle a encore une réserve d’un tiers de capacité d’exportation pour répondre aux demandes du marché européen, et qu’elle refuse d’utiliser en dépit des demandes de l’Agence énergétique internationale. Poutine ira-t-il jusqu’à rompre les contrats de long terme qui le lient aux pays de l’UE ? II dispose de toute une gradation de ripostes possibles. Le gaz russe représente 40 % de l’approvisionnement de l’UE, avec des pourcentages beaucoup plus importants pour certains pays, notamment l’Allemagne (66 %).Poutine peut jouer la division.

La Russie peut-elle se priver économiquement des ressources générées par ce commerce ?

C’est en effet le cas. Les exportations de gaz ont rapporté 55 milliards de dollars (48,5 milliards d’euros) à la Russie en 2021. Or, la Russie dispose de 620 milliards de dollars (550 milliards d’euros) de réserves de change et d’un fonds souverain de 190 milliards de dollars (170 milliards d’euros). Le pays pourrait donc encaisser le choc pendant plusieurs années mais ce serait extrêmement coûteux pour lui. Cela le priverait de son crédit en tant que fournisseurs table, pas seulement auprès de l’UE mais aussi auprès de la Chine.

Vers quelles autres sources d’approvisionnement, la France pourrait-elle se tourner ?

D’abord la Norvège et l’Algérie mais la première est déjà proche de ses capacités maximales d’exportation et la seconde a aujourd’hui un différend important avec le Maroc, concernant le passage de son gaz par le territoire de ce dernier. La solution pourrait être de s’approvisionner davantage en GNL (gaz naturel liquéfié) mais ily en a peu à disposition, aujourd’hui, en raison des besoins d’un autre pôle de demande énergétique
très important qui est l’Asie.

 

Propos recueillis par Télégramme.
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