04.10.2024
Une impulsion franco-allemande pour la défense européenne
Presse
13 novembre 2017
Depuis cinq ans, la France et l’Allemagne ont renoué un dialogue qui s’était distendu sur la défense depuis la signature du traité franco-britannique de Lancaster House en 2010. Ce processus s’est accéléré depuis un an. L’objectif est de faire plus et mieux pour la défense en des temps incertains, c’est-à-dire en fixant des objectifs communs en matière de dépenses militaires et de recherche de défense.
Or une défense européenne efficace et garante de notre liberté d’action ne peut s’envisager qu’avec un rôle moteur conjoint de l’Allemagne et de la France. Même si le Royaume-Uni restera un partenaire essentiel pour l’un et pour l’autre et pour l’ensemble de l’Europe, sa sortie de l’Union européenne rend difficile ce nécessaire effet d’impulsion et d’entraînement sans lequel rien n’avancera. Le couple franco-allemand est donc impératif.
Au niveau de l’Union européenne, Français et Allemands ont commencé à définir en juillet 2017 les critères de la coopération structurée permanente prévue (CSP) dans le traité de Lisbonne mais jamais mise en œuvre. Son objectif est de mieux intégrer les politiques de défense des pays membres pour aboutir à une plus grande autonomie stratégique.
Toutefois, la coopération entre la France et l’Allemagne ne doit pas se limiter à la CSP. Nos deux pays doivent aussi travailler de manière bilatérale sur des projets structurants, qui auront vocation à être ouverts à d’autres pays européens. La France et l’Allemagne ont déjà commencé à coopérer sur de futures capacités militaires stratégiques. C’est le cas du futur drone de surveillance, programme auquel participent également l’Italie et l’Espagne – outil essentiel de souveraineté dont les Européens ont tardé à se doter en pleine autonomie.
Cependant, il est essentiel que cette dynamique perdure et qu’elle ne se perde pas dans une dispersion des efforts. L’approche bilatérale doit être prioritaire ; elle doit se construire en réponse aux besoins sécuritaires nationaux, qui sont inséparables de ceux de l’ensemble de l’Europe. Le principe d’autonomie stratégique doit aussi guider cette politique industrielle de défense, car il est la condition sine qua non d’une réelle maîtrise de notre sécurité.
Le test pour la mise en œuvre de l’ambitieux agenda fixé en juillet et pour l’approfondissement de la défense européenne sera la capacité à définir ensemble le futur système de combat aérien qui succédera au Rafale et à l’Eurofighter. L’initiative bilatérale franco-allemande était une nécessité : il faut sans tarder avancer dans cette démarche qui doit rassembler à terme tous les pays européens.
La tâche est ardue, car elle implique des schémas de coopérations doctrinale ainsi qu’industrielle bien plus poussés que ceux qui existent actuellement. Cela implique également de faire converger cette initiative avec celle lancée par la France et le Royaume-Uni sur un futur drone de combat. C’est un véritable bond en avant qui doit être conduit parallèlement à l’objectif d’intégration bien plus grande de nos armées suggéré par le président de la République Emmanuel Macron lors de son discours de la Sorbonne en septembre 2017, et que poursuit également l’Allemagne.
Il ne faut pas se faire d’illusions : l’avenir de l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe se joue dans la capacité à concevoir et acquérir ensemble ces capacités aériennes. Nous n’avons pas droit à l’échec.
Une Union européenne de défense peut donc véritablement se mettre en place aujourd’hui pour mieux protéger les citoyens européens grâce aux initiatives de la France et de l’Allemagne et de la Commission européenne : ne ratons pas l’opportunité qui s’offre aujourd’hui.