ANALYSES

TotalEnergies : faut-il cesser d’investir dans l’extraction du pétrole ?

Presse
26 mai 2023
Interview de Francis Perrin - Ouest France
Qui sont les principaux acteurs pétroliers et gaziers dans le monde ?

Le marché est tenu d’une part par des compagnies nationales, comme le géant Saudi Aramco (Arabie Saoudite). Et d’autre part, par des compagnies privées. Les cinq principales, les « majors », sont américaines ou européennes : ExxonMobil, Shell, BP, TotalEnergies, Chevron.

Comment évoluent leurs investissements ?

Cette année, elles devraient, selon les estimations, investir entre 470 et 500 milliards de dollars (438 à 466 milliards d’euros) dans l’exploration, le développement et l’exploitation des gisements. C’est davantage qu’avant le Covid. En 2020, les investissements avaient chuté en raison du ralentissement de l’économie. Depuis, ils sont repartis à la hausse car la croissance a dopé la consommation de pétrole.

À combien s’élève la consommation de pétrole ?

En 2023, le record de 2019 devrait être battu, avec 102 millions de barils par jour. Le pétrole reste la première source d’énergie dans le monde. En attendant la montée en puissance des véhicules électriques, il est indispensable dans les transports routiers, aériens, maritimes.

Qui le consomme ?

La consommation est tirée par les pays émergents en Asie, Afrique, Amérique latine. Les pays déjà riches, comme l’Union européenne, peuvent, eux, se permettre de stabiliser, voire diminuer leur consommation.

Quelles seraient les conséquences d’un arrêt des investissements pétroliers ?

Le rendement des champs pétroliers décline au bout d’un certain temps. Pour maintenir la production, il faut donc constamment trouver de nouveaux champs, les équiper etc. Si on arrête d’investir, la production va baisser, alors que la demande reste élevée. On aurait une pénurie et une flambée des prix. Ce serait difficilement tenable sur le plan social.

Que faire ?

Il faut progressivement se tourner vers l’énergie décarbonée et réduire la part des énergies fossiles. Mais vu leur poids actuel, l’exercice est délicat. En attendant, il faut réduire le contenu carbone des énergies fossiles, via le captage et le stockage.

Le réchauffement climatique est-il pris en compte par les « majors » ?

Elles sont pragmatiques. Elles ne peuvent pas ignorer l’Accord de Paris de 2015 dans lequel se sont engagés plus de 190 États. Sachant que les énergies fossiles sont la principale cause du réchauffement. Ça ne veut pas dire que les majors vont arrêter le pétrole et le gaz. Mais elles vont utiliser leurs bénéfices pour investir aussi dans le renouvelable, un marché en fort développement. Un quart des investissements de TotalEnergies concerne l’électricité, produite à partir de l’éolien ou du solaire.

 

Propos recueillis par Jacques Sayagh pour Ouest France.
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