ANALYSES

Séismes en Turquie et Syrie : des modalités d’intervention différentes

Presse
3 mars 2023




Tout commence par une dépêche de l’AFP : l’heure GMT, la localisation et la magnitude du tremblement de terre, un premier bilan hors proportion. Là-bas, invisibles, sans attendre les secours, la population tente de se protéger, de sauver les vies. L’onde de choc médiatique se diffuse. Le décompte des victimes s’affole. Les États, les organisations internationales, les ONG et les citoyens se mobilisent. Chaque minute compte. On ne répond pas de la même manière aux conséquences d’un conflit armé ou d’une catastrophe naturelle. Les interventions se compliquent lorsque les catastrophes sont à la fois d’origine naturelle et humaine comme en Syrie. Les interventions dépendent également de la situation politique, économique et sociale du pays affecté, de ses accords internationaux, de sa culture de préparation aux désastres, de l’organisation et des moyens de la sécurité civile, de son système de soins et de solidarité… Les médias français ont mis en avant, à juste titre, l’action de la sécurité civile française aux côtés de leurs collègues turcs. On peut citer, à titre d’illustration, le déploiement en Turquie d’un hôpital de campagne de la sécurité civile début février avec ses 87 sapeurs-sauveteurs, sapeurs-pompiers et marins-pompiers. En France, la sécurité civile a pour missions la prévention des risques de toute nature, la protection « contre les catastrophes par la préparation et la mise en œuvre de mesures et de moyens appropriés relevant de l’État, des collectivités territoriales et des autres personnes publiques ou privées ». Le préfet est le responsable des opérations lorsque la crise dépasse le territoire communal. On rappelle que ce sont les sapeurs- pompiers qui assurent principalement en France les missions de sécurité civile avec les militaires et les fonctionnaires dédiés ainsi que les bénévoles et le personnel des associations agréées.

S’agissant de l’intervention française en Turquie, pour « soutenir et compléter l’action des États », elle a lieu dans le cadre du « Mécanisme de protection civile de l’Union européenne ». Ce mécanisme, né en 2001, vise aujourd’hui les pays de l’Union européenne et quelques États participants, dont la Turquie depuis 2005, qui, pour mémoire, est officiellement candidate à l’élargissement européen, même si sa démarche est lettre morte depuis 2018. La Syrie est donc exclue du mécanisme de protection civile européen. La France est-elle pour autant restée sans agir ? Non. La France a déclaré, le 9 février, avoir mis « en place une aide d’urgence à la population syrienne (…) de douze millions d’euros, en lien avec les organisations non gouvernementales œuvrant directement au bénéfice de la population et avec les Nations unies, dans l’ensemble des régions touchées par les séismes ». Cette information montre la volonté de la France de répondre aux besoins des populations touchées par les séismes de manière impartiale en s’adaptant au contexte syrien. Mais cette information illustre également, d’une certaine manière, la différence entre la sécurité civile et l’aide humanitaire d’État et l’action des organisations humanitaires. Ces dernières, animées par les principes d’humanité, d’indépendance, de neutralité et d’impartialité, peuvent en principe agir dans toutes les zones et dans tous les contextes. Il s’agit là d’une force considérable qui les distingue des États dans les actions de secours et de solidarité.





Une tribune publiée par Le Télégramme
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