ANALYSES

Un Forum humanitaire de plus ?

Presse
11 janvier 2022
Du 24 au 26 janvier se tiendra à Bruxelles le Forum humanitaire européen. Il s’agit d’un nouveau rendez-vous sur la question humanitaire, organisé par la Commission européenne et la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Le Forum a notamment pour objectif « d’identifier des solutions d’avenir et (…) améliorer les actions concrètes d‘assistance aux millions de personnes ayant besoin d’une aide humanitaire » face au « niveau sans précédent des besoins humanitaires et les contraintes auxquelles doivent faire face les acteurs humanitaires et les bénéficiaires de l’aide à travers le monde ». Comment ne pas se réjouir d’une telle initiative ? Le problème, c’est que des forums, sommets et conférences humanitaires sont régulièrement convoqués, avec souvent la même dramaturgie, les mêmes acteurs et d’ambitieux objectifs rarement atteints.

En 2016, le secrétaire général de l’Onu ne parlait-il pas déjà d’un niveau de souffrance dans le monde « jamais égalé depuis la Seconde Guerre mondiale » ? Il avait alors organisé, à Istanbul, pour y faire face, le Sommet mondial sur l’action humanitaire, le premier depuis 70 ans, avait-il souligné.

L’histoire humanitaire récente a connu également le Forum humanitaire mondial, créé en 2008, par Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations unies… et dissous, en 2010, « en raison de sérieuses difficultés financières ».

La France organise régulièrement sur son territoire des conférences nationales humanitaires, la cinquième ayant eu lieu le 17 décembre 2020. Même à Ryad, en mars 2020, s’est tenu (un) forum humanitaire international pour trouver des « solutions sûres et dignes qui répondent aux besoins des personnes entreprenant des périples migratoires précaires vers des pays en conflit ».

Le travail des participants au Forum ne va pas être de tout repos lorsqu’on observe effectivement l’état du monde : accroissement du nombre de pauvres, plus de 100 millions selon la banque mondiale en 2020, la pandémie venant aggraver les effets dévastateurs des conflits et du réchauffement climatique. Plus de pauvres, plus de déplacés, de réfugiés, cela signifie plus de personnes confrontées à la faim. (…) Et que dire des drames qui, chaque jour, se déroulent en Méditerranée et dans la Manche ?

Pour le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, « l’action humanitaire est l’un des piliers de notre politique étrangère ».

On observe, en outre, que beaucoup de participants aux forums humanitaires sont impliqués dans des conflits.

C’est pourquoi, pour certains, l’humanitaire ne peut pas être qu’une affaire d’États. Pour certains même, c’est d’abord et surtout celles des ONG animées par les principes d’impartialité, d’indépendance et de neutralité.

Cela explique les inquiétudes des ONG françaises qui, à travers Coordination Sud, ont regretté, tout récemment, de ne pas avoir été plus associées à la préparation de la présidence française du Conseil de l’Union européenne. Les ONG espèrent néanmoins être placées « au cœur de ces différents temps forts ».

Peut-être, ces 12 et 13 janvier, les ministres de la Défense et ceux des Affaires étrangères réunis à Brest commenceront-ils à envisager des solutions pour que la présidence française du Conseil de l’Union européenne soit, pour reprendre l’expression du président de la République, « un moment utile pour l’Europe », et surtout, d’un point de vue humanitaire, vraiment utile pour celles et ceux qui sont confrontés aux catastrophes naturelles mais aussi et surtout aux situations dramatiques causées par nos sociétés.

 

Publié dans Le Télégramme.
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